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lifestyle — 10 min de lecture — par Rémi Barbier
Si le yoga n’a aujourd’hui plus à faire ses preuves auprès de la communauté scientifique comme du grand public, l’étude de ses bienfaits ne cesse d’éblouir les curieux. Et à raison ! Il ne faut pas plus de quelques minutes pour comprendre la singularité de son impact sur le corps humain.
D’une part, on observe de très nombreux effets directs, comme le renforcement de nos articulations ou l’apaisement du mental, et d’autre part d’innombrables ricochets.
En effet, avec le temps, le yoga crée comme une résonance.
Une sorte d’écho, une série de répercussions indirectes, comme une chute de dominos de bienfaits qui semble permettre à ces moments de détente sur le tapis de nourrir absolument toutes les composantes de notre santé.
Il n’est donc ainsi pas surprenant de ressentir l’influence d’une pratique régulière jusque dans notre alimentation et nos comportements alimentaires.
Et aujourd’hui, à travers cet article, nous vous proposons de survoler ces passionnantes connexions qui relient yoga et alimentation, puis de voir comment nous pouvons les renforcer sur le tapis pendant nos pratiques.
Aussi surprenant que cela puisse paraître, notre premier arrêt ne concernera pas un impact mécanique sur le système digestif ou encore une répercussion sur la chimie de la digestion, mais une influence colossale sur nos comportements.
Pendant plusieurs dizaines d’années, de nombreux chercheurs ont observé l’impact positif du yoga sur la courbe de poids des pratiquants réguliers sans en extraire de relation directe.
Ceux qui dépassaient la cinquantaine ne prenaient pas de poids contrairement à la moyenne, ceux en surpoids tendaient à revenir doucement vers leur poids de forme…
Il était clair qu’il ne fallait pas attribuer cet effet à la simple dépense énergétique occasionnée par une séance, et que la réponse devait se trouver ailleurs. Seulement, aucune explication ne semblait s’imposer.
Certains scientifiques se sont donc penchés plus concrètement sur la question avec, très vite, l’intuition que la réponse se trouvait probablement du côté de la dynamique comportementale des pratiquants. Et c’était ça !
Guidé par son expérience personnelle, le docteur Alan Kristal, chercheur spécialisé dans la prévention du cancer et yogi aguerri, a mis en lumière une mécanique stupéfiante à travers plusieurs études devenues aujourd’hui iconiques.
Concrètement ? Les pratiquants réguliers ont tendance à moins manger lorsqu’ils n’ont plus faim, et à moins manger en réponse au stress et à l’anxiété.
Ils sont davantage reliés à leur signal de satiété et renforcent une pépite de la pleine santé : l’alimentation en conscience.
Fort d’une recherche approfondie et de découvertes validées par ses pairs, le docteur Kristal a élaboré, il y a maintenant plus de dix ans, un questionnaire permettant d’évaluer le degré de conscience d’une personne en train de manger. Repris dans de nombreuses études par la suite, les pratiquants de yoga ont systématiquement obtenu de meilleurs scores.
Et s’il était possible d’accroître cette tendance à manger davantage en conscience ? Et s’il était possible, à chaque fois que nous sommes sur le tapis, d’actionner davantage ce levier ? D’aller trouver un cran supplémentaire ? Il est tentant d’y croire, et par chance, loin d’être déraisonné.
Aujourd’hui, on peut absolument tout faire sans y prêter attention. On peut partir de chez soi la tête pleine de pensées et se retrouver sur le parking de son travail sans avoir vu passer le trajet, on peut manger plongé dans une série sans même avoir vu notre assiette se vider…Et on peut enchaîner des postures le corps sur le tapis et la tête dans notre liste de courses.
Le yoga n’y échappe pas. Quand cela arrive, on ne passe pas à côté de ses bienfaits pour autant (on ne s’installe jamais sur son tapis pour rien), mais on se prive pour sûr du potentiel d’une séance en pleine conscience.
Comme on le voyait dans l’article Comment lâcher prise grâce au yoga, en pratiquant on est ramené à soi, à ici et à maintenant. On a l’opportunité de s’ancrer dans le moment présent, de s’y harnacher fermement. Et c’est par cette attache que le yoga diffuse une très grande partie de ses bienfaits, parmi lesquels on retrouve une meilleure conscience du corps et par levier : l’alimentation en conscience.
En pratiquant centré, coupé du passé et de notre début de journée, coupé du futur et de ce qu’il nous reste à faire, on se retrouve pleinement disponible ici et maintenant, à l’écoute de notre corps et des messages qu’il nous envoie.
Et si, les capteurs réglés à pleine puissance, on se lance alors dans une exploration en règle du mouvement, dans une recherche des ressentis à l’arrivée dans chaque posture, et dans un jeu d’élan et d’équilibre pour passer de l’une à l’autre, on crée alors la base d’une sensibilité toute nouvelle. Une sensibilité qui dépasse le tapis. Une sensibilité qui dépasse notre temps de pratique et qui déborde sur notre journée entière.
On se retrouve entraîné à écouter plus attentivement, à capter un panel de signaux plus large, et surtout, à ramener notre pleine attention à la surface plus souvent dans la journée. Et c’est là, très précisément, que se trouve l’essence de notre alimentation en conscience. C’est ici qu’on la renforce.
De nos jours, on perd très rapidement notre focus. On se laisse vite emporter par le flot de tâches qui s’empilent et d’informations qui s’accumulent. Un des cadeaux les plus précieux du yoga, quand on le pratique avec toute notre attention, c’est de pouvoir rallumer notre pleine conscience du moment présent beaucoup plus facilement.
Imaginez-vous sur un bateau. Tout en haut du mât, vous avez une vue imprenable.
Vous pouvez très facilement voir où aller, repérer l’emplacement des éventuels rochers à éviter, apercevoir les autres bateaux et comprendre leur trajectoire… Vous êtes au meilleur endroit possible pour créer votre plan de route. Vous pouvez récupérer toutes les infos et prendre les meilleures décisions.
Mais vous ne pouvez pas naviguer de tout là-haut. Il vous faudra redescendre pour manœuvrer. Vous devrez retourner sur le pont pour gérer votre trajectoire et délaisser votre vue d’ensemble pour les commandes. Le problème aujourd’hui, c’est que la plupart du temps, dans notre journée, nous sommes plongés la tête dans le gouvernail.
Nous avons des journées chargées sur lesquelles s’ajoutent des imprévus, des sollicitations à tout va, de la fatigue…
Une manœuvre en déclenche très souvent une autre, puis une autre, et au final, on est tellement accaparés qu’on ne se rappelle même plus qu’il faut aller en haut du mât pour reprendre des informations.
On finit par naviguer sans carte et ça, dans notre quotidien, ça se traduit entre autres par manger sans se rendre compte qu’on n’a plus faim, grignoter sans s’en apercevoir ou du moins, sans l’avoir vraiment décidé, en réponse à une montée de stress…
Et donc ce que le yoga a à nous apporter, comme on le voyait plus haut, c’est d’une part l’habitude de retourner régulièrement sur le mât et d’autre part, une longue-vue !
On reprend des informations plus souvent (sur nous, notre état de fatigue, nos ressentis, notre humeur…) et on voit beaucoup plus loin (on gagne en visibilité sur notre panel de sensations).
Si vous ne l’avez pas encore fait, vous pouvez lire notre article Comment lâcher prise grâce au yoga. Vous y trouverez toute une partie dédiée à l’état de flow avec notamment des conseils pour y rentrer plus facilement. Vous poserez ainsi les bases d’une attache ferme au moment présent, et donc du renforcement de votre conscience du corps.
Reprenons notre envol et survolons cette fois d’un peu plus haut les autres connexions qui relient yoga et alimentation. Nous l’avons vu, le yoga a donc des effets directs sur l’organisme, et derrière eux, une multitude d’effets indirects parmi lesquels on retrouve notamment un sommeil renforcé et une réduction du niveau de stress.
Nous pourrions nous enfoncer des heures dans ces deux jungles d’infos passionnantes mais puisque nous survolons, limitons notre plan de vol à trois destinations.
Ce dernier repose énormément sur notre sommeil et se fait très rapidement malmener par un stress trop pesant.
En réduisant le délai d’endormissement et en améliorant la profondeur du sommeil et la résilience face au stress, la pratique du yoga soutient donc indirectement l’équilibre de notre flore intestinale, pièce maîtresse de notre digestion et de nos comportements alimentaires.
Elle sera fortement ballottée par des nuits trop courtes et/ou peu reposantes, voilà pourquoi…
On peut considérer le sommeil comme un temps de maintenance pour le cerveau.
Les déchets et les toxines qu’il produit en fonctionnant sont évacués et traités, les niveaux d’hormones sont contrôlés et re-stabilisés…
Et les connexions entre certaines de ses régions sont renforcées. Parmi elles, on retrouve la connexion entre le cortex préfrontal (derrière notre logique et notre rationalité) et l’amygdale (derrière notre instinct de survie et des émotions vives comme la rage et la colère).
Sa particularité ? Le cortex préfrontal freine en permanence l’amygdale.
En d’autres termes, nous avons tout ce qu’il faut pour entrer dans une colère noire en faisant simplement tomber nos clés, mais grâce au frein du cortex préfrontal, nous les ramassons, tout simplement, parfois même avec le sourire.
Une bonne connexion nous permet donc de naviguer à travers notre journée dans le calme, de gérer les imprévus avec recul et d’être en phase avec notre environnement.
Mais à l’inverse, si le lien s’affaiblit, ce n’est plus la même histoire...
L’amygdale se retrouve suractive, le cortex préfrontal perd sa capacité à la freiner, et on termine pied au plancher sur le plan émotionnel.
La configuration est idéale pour des pulsions diverses et souvent liées à la nourriture. On mange plus que de raison, souvent très sucré, et ce au prix d’un inconfort digestif logique, d’une grosse secousse pour notre microbiote ou encore, d’une lampée d’huile sur le feu du côté de l’énervement.
En améliorant notre sommeil, la pratique du yoga nous permet donc d’asseoir notre stabilité émotionnelle, et de ce fait, de nous protéger de possibles pulsions alimentaires et de ses potentielles répercussions.
Également en lien avec les pulsions alimentaires, cette troisième destination, qui clôture notre survol du jour, va nous permettre d’ajouter une seconde corde à notre arc.
Lors d’un épisode de stress, notre corps va, par l’intermédiaire d’un cocktail hormonal, nous envoyer en quête de récompense.
Cette récompense, il la souhaite sous forme de dopamine (l’hormone du plaisir).
Rien de très problématique jusque-là puisque nous pouvons en obtenir avec une bonne lecture, une discussion passionnante ou même une séance de sport.
Le hic, c’est que le cerveau est très pragmatique dans de telles circonstances. Il va vouloir régler le problème rapidement et de façon certaine.
Et donc loin de notre livre du moment ou de nos runnings, nous allons plutôt terminer sur les réseaux sociaux ou encore projetés vers des pulsions alimentaires et les snacks les plus sucrés – des sources de dopamine beaucoup plus fortes et plus rapides d’accès.
En renforçant notre résilience, la pratique du yoga crée une petite barricade supplémentaire et un énième ricochet vers notre alimentation. Et par la même occasion vers notre alimentation en conscience, en nous évitant de faire irruption dans la cuisine, motivé par la recherche de récompense.
Le yoga a tout pour se faire une place dans votre semaine.
Il y a beaucoup à faire sur un tapis. Et le plus chouette, c’est que pour bien faire, il suffit de s’amuser quand on est dessus.